"L'EGALITE DES CHANCES N'EST PAS UNE IDEE IMPOSSIBLE..."

Entretien avec Sylvestre Roth, coordinateur de la réussite éducative à Saint-Brieuc

Daziblog : Depuis 2007 dans les Côtes d’Armor (depuis 2005 dans d'autres départements), la réussite éducative est constituées de dispositifs qui doivent rendre possible l'égalité des chances pour les enfants et les adolescents des quartiers défavorisés. Sylvestre Roth, vous êtes le coordinateur de la réussite éducative à Saint-Brieuc, avez-vous un exemple de l’un de ces dispositifs ?

Sylvestre Roth : Les dispositifs de réussite éducative doivent apporter hors temps scolaire des moyens et des outils nouveaux pour donner des chances de réussite à chaque enfant ou adolescent présentant des signes de fragilité. Ils visent notamment à accompagner des projets locaux dans les ZUS (zones urbaines sensibles), les ZEP et les REP (zones et réseaux d'éducation prioritaire). Le projet journalisme auquel vous participez par exemple, est l’un de ces outils.

D. : Avez-vous un autre exemple ?

S.R. : Chaque année, nous accompagnons 20 jeunes du collège Racine (Saint-Brieuc) pendant les vacances. Pendant une semaine ils participent à des activités. Comme cela, ils se remettent « dans le bain » avant la rentrée.

D. : Comment les projets accompagnés par la réussite éducative sont-ils conçus et proposés aux enfants et aux adolescents ?

S.R. : Les projets sont conçus avec tous les partenaires qui sont en contact avec les jeunes, par exemple le conseil général, la Caf, les services de la ville, les établissements scolaires… et des structures comme la MJC. Des projets différents sont proposés aux enfants et aux adolescents selon les profils et les quartiers dans lesquels ils résident. Ensuite nous pouvons proposer des parcours individualisés.

D. : Est-ce que ce sont les enfants des quartiers défavorisés qui sont différents des autres ou est-ce les écoles, les collèges et les lycées qui sont différents dans les quartiers défavorisés ?

S.R. : Les établissements scolaires ne sont pas différents dans les quartiers en difficulté. Mais la mixité sociale est faible dans ces quartiers, et les établissements accueillent plus d'élèves en difficultés. Néanmoins, les enfants suivent les mêmes programmes que dans les établissements hors ZEP.

D. : En France, l’égalité des chances et la réussite éducative pour « les adolescents présentant des signes de fragilité » sont-elles des priorités, ou les priorités sont-elles de favoriser et de rénover les ZUS ?

S.R. : Il est impératif que les deux soient des priorités. Les difficultés ne s’arrêtent pas aux portes des quartiers. Nous accompagnons individuellement des jeunes en difficultés scolaires dans le cadre de la R.E. mais l'état met également en place des politiques globales en direction des quartiers classés en ZUS, avec l’Anru notamment…

D. : Dans les Côtes d’Armor, les projets accompagnés par les équipes de la réussite éducative sont-ils concluant ?

S.R. : Ces projets ont débuté récemment dans le département et il est encore trop tôt pour le dire. Mais certains indicateurs nous font dire que nous sommes sur la bonne voix…

D. : L’égalité des chances, est-ce une idée qui correspond à une société idéale et rêvé ou à une réalité possible ?

S.R. : L'égalité des chances c’est un objectif difficile à atteindre ! Mais c’est l’objectif que nous devons avoir en tête. Sans égalité des chances et sans possibilité d’ascension dans une société bloquée, l’explosion est quasiment sur. Mais l’égalité des chances n'est pas une idée impossible !

Entretien réalisé par
Béatrice Legay,
Pierre Moulin,
Sulaksana Thavakumar,
Sarah Cabdi